Nous avons sélectionné 5 plantes sauvages comestibles et médicinales à cueillir au mois de juin : L’achillée millefeuille, les menthes sauvages, les vergerettes, les camomilles et la benoite urbaine.
Abondantes, faciles à identifier et riches en usages, vous pourrez les trouver lors de vos cueillettes printanières et estivales. Qu’elles soient aromatiques, médicinales ou simplement délicieuses, elles offrent une belle porte d’entrée dans le monde de la cueillette.
Parce que chaque cueillette est une aventure, munissez-vous de votre couteau de cueillette, de votre panier et partez à la découverte des plantes sauvages !
L’achillée millefeuille (Achillea millefolium)
Souvent confondue avec les plantes de la famille de la carotte (les Apiacées ou Ombellifères) en raison de la forme de son inflorescence, l’achillée millefeuille n’en fait pourtant pas partie. Ce qui semble être une ombelle est en réalité un corymbe, une structure florale où les pédoncules partent de hauteurs différentes mais forment un sommet aplani. Plus précisément encore, ce que l’on prend pour une fleur est une inflorescence appelée capitule, un peu comme la pâquerette. Il y a donc une inflorescence d’inflorescences ou une inflorescence complexe : un corymbe de capitules. Les « pétales » blancs sont en fait des fleurs ligulées, tandis que le cœur est composé de petites fleurs tubulées, ces dernières étant les seules fertiles.
Son nom de « millefeuille » vient de l’aspect très découpé de ses feuilles, qui donnent l’impression d’en voir une multitude. Elle est également surnommée « sourcil de Vénus », ou encore « herbe à la coupure », en référence à son usage traditionnel pour stopper les petits saignements. En cas de coupure légère ou de saignement de nez, il est possible d’extraire le jus de la plante, ou d’en faire une boulette à insérer dans la narine. Ce remède d’urgence, surprenant mais efficace, a même été testé en pleine sortie botanique avec succès.
L’achillée millefeuille se consomme aussi bien en feuilles qu’en fleurs. Son goût légèrement amer et ses arômes évoquant les herbes de Provence en font un excellent condiment. Elle peut être utilisée pour parfumer un beurre, un fromage frais ou une tartinade, ou encore être ajoutée en petite quantité à une salade. En cuisine comme en herboristerie, elle se révèle une plante très polyvalente : on peut en faire des infusions, des sirops, des liqueurs ou même des pestos revisités.
Les parties utilisées en phytothérapie sont les sommités fleuries. Celles-ci se sèchent aisément, tête en bas, à l’abri de l’humidité. En infusion, l’achillée est réputée pour ses vertus digestives (elle est à la fois tonique amère et antispasmodique) mais aussi pour apaiser les douleurs liées au syndrome prémenstruel. Elle est également reconnue pour ses effets cicatrisants et anti-inflammatoires, notamment sur les affections cutanées comme l’eczéma ou les rougeurs.
La menthe sauvage
Tout le monde connaît la menthe, souvent cultivée au jardin ou utilisée en infusion, mais peu de gens savent qu’il existe plusieurs espèces de menthes sauvages en France. Parmi les plus courantes, on trouve la menthe à feuilles rondes (Mentha suaveolens), reconnaissable à ses feuilles arrondies, velues, et à son odeur intense, caractéristique du genre. Comme toutes les menthes, elle appartient à la famille des Lamiacées.
Les menthes partagent plusieurs traits morphologiques : elles ont des feuilles opposées deux à deux sur la tige, qui est carrée. Lorsqu’elles sont en fleur, leurs petites corolles sont soudées à la base en forme de tube, un autre signe distinctif. Ces fleurs présentent souvent deux lèvres, bien que chez certaines espèces comme chez les menthes, ces lèvres soient moins marquées que chez d’autres Lamiacées, comme le lamier blanc.
Toutes les menthes sauvages comme la menthe à feuilles rondes, la menthe aquatique, ou encore la menthe à longues feuilles qu’on trouve en montagne, sont comestibles et parfumées. Elles s’utilisent crues dans les taboulés, les rouleaux de printemps, les salades de fruits, ou simplement infusées dans de l’eau pour la parfumer. Elles peuvent aussi être laissées à macérer pour créer une boisson désaltérante, notamment en été.
En herboristerie, on utilise la plante entière, feuilles et tiges, pour ses vertus médicinales. La menthe est réputée pour ses effets digestifs : elle soulage les ballonnements, stimule la digestion et rafraîchit l’haleine. Sa richesse en huiles essentielles en fait une alliée agréable à la fois pour le plaisir gustatif et pour le bien-être intestinal.
La vergerette du Canada (Conyza canadensis) et la vergerette de Sumatra (Conyza sumatrensis)
Parmi les plantes sauvages faciles à reconnaître et à utiliser, les vergerettes occupent une place de choix. En été, on rencontre fréquemment la vergerette du Canada (Conyza canadensis) et la vergerette de Sumatra (Conyza sumatrensis), deux espèces aux usages similaires. Toutes les parties de ces plantes sont comestibles et possèdent également des propriétés médicinales. Pour les différencier, on peut observer les feuilles : celles de la vergerette du Canada présentent des poils sur les bords, un peu comme des arêtes de poisson, tandis que celles de la vergerette de Sumatra en sont dépourvues.
Les vergerettes offrent un parfum original, légèrement poivré, évoquant le poivron. On peut les consommer aussi bien crues que cuites. En cuisine, elles s’intègrent très bien dans les salades, les pestos, les rouleaux de printemps ou même les makis. Pour une touche aromatique marquée, on peut ajouter des feuilles entières dans une salade, cela permet d’apprécier pleinement leur saveur piquante. À la cuisson, mieux vaut les ajouter en fin de préparation ou simplement les faire tomber rapidement dans un peu de beurre pour conserver leurs arômes.
En phytothérapie, c’est surtout la vergerette du Canada qui est utilisée, car elle bénéficie d’un plus grand recul d’usage. Lorsqu’elle est en fleur, on récolte la plante entière pour en faire des infusions. Elle est notamment connue pour ses effets en prévention des calculs rénaux, ainsi que pour soulager les douleurs articulaires (effet antirhumatismal). Ces propriétés en font une plante précieuse, à la fois simple à récolter et à utiliser.
Les vergerettes appartiennent à la famille des astéracées, comme les pâquerettes. Leurs inflorescences se présentent sous forme de petits capitules, avec des « pétales » fins dressés légèrement vers le haut. Une fois qu’on a senti leur parfum caractéristique, il devient un critère fiable pour les identifier sur le terrain. Abondantes, utiles et savoureuses, les vergerettes sont une excellente porte d’entrée dans le monde de la cueillette sauvage.
La matricaire odorante (Matricaria discoidea) et la camomille matricaire (Matricaria recutita)
Dans la famille des Astéracées, on retrouve plusieurs plantes appelées communément « camomilles », dont la matricaire odorante (Matricaria discoidea), souvent appelée « camomille ananas », et la camomille matricaire (Matricaria recutita). Ces deux plantes sont aromatiques, reconnaissables à leurs feuilles très découpées, presque filiformes, et à leur parfum très caractéristique. La matricaire odorante pousse souvent sur les sols tassés, comme les chemins ou les bords de route, tandis que la camomille matricaire est plus fréquente dans les friches ou les champs.
La matricaire odorante porte bien son surnom de « camomille ananas » : elle dégage une forte odeur fruitée qui rappelle l’ananas, et son goût est étonnamment doux et agréable. La camomille matricaire, elle aussi, possède un parfum légèrement fruité, mais plus discret. En cuisine, ces deux plantes peuvent être utilisées pour parfumer des salades, des fruits, des boissons, des sirops ou des vinaigres. Elles se prêtent aussi très bien à l’aromatisation de vins ou de limonades maison.
C’est surtout la camomille matricaire qui est utilisée en phytothérapie. En infusion, elle est réputée pour favoriser la digestion, calmer le stress, les tensions nerveuses et apaiser les troubles du sommeil. En usage externe, elle est utile pour soulager les inflammations de la peau, les rougeurs, les irritations ou les yeux fatigués. On utilise pour cela les capitules floraux, récoltés lorsqu’ils sont bien épanouis.
Pour différencier la camomille matricaire de la matricaire inodore (non médicinale), un geste simple consiste à couper le capitule floral en deux avec l’ongle : si le réceptacle est creux, il s’agit bien de la camomille matricaire ; s’il est plein, vous êtes face à la matricaire inodore. L’odeur constitue aussi un bon indice : les camomilles médicinales sont très aromatiques, alors que la matricaire inodore porte bien son nom. En résumé, avec un peu d’observation et d’odorat, ces camomilles deviennent de précieuses alliées en cuisine comme en herboristerie.
La benoite urbaine (Geum urbanum)
Très commune en milieu urbain, la benoîte urbaine (Geum urbanum), aussi appelée benoîte commune, est une plante de la famille des Rosacées que l’on peut observer toute l’année. C’est en juin, lorsqu’elle est en fleurs et en fruits, qu’elle devient plus facile à identifier. Sa petite fleur jaune est composée de cinq pétales libres, typique des Rosacées, entourés de nombreux étamines. Elle possède également un calice et un calicule, ensemble appelé « double calice », formé de sépales et sépalules. En plus de la fleur, on peut repérer la plante grâce à ses petits fruits secs munis de crochets, qui s’accrochent aux vêtements ou au pelage des animaux pour assurer sa dispersion.
La grande particularité de la benoîte urbaine réside dans ses racines secondaires, qui dégagent un puissant parfum de clou de girofle, dû à la présence d’eugénol, une molécule également présente dans le clou de girofle. Bien que son odeur soit moins concentrée, elle peut être utilisée comme aromate local. En cuisine, elle se révèle étonnante dans des préparations salées comme des tartinades de champignons, où elle apporte également une touche fumée rappelant la sauce barbecue. On peut aussi l’utiliser pour parfumer des vinaigrettes, des pains d’épices, des jus de pomme chauds, des vins épicés ou même des cocktails.
Traditionnellement, ce sont les parties souterraines de la benoîte qui sont les plus recherchées pour leurs propriétés médicinales. Riches en tanins, elles sont utilisées en décoction ou en gargarisme pour soulager les douleurs de gorge, les inflammations buccales, les gencives sensibles, ou en usage interne contre les diarrhées. On peut aussi nettoyer et désinfecter une plaie avec une décoction de racines. Les feuilles, bien que moins concentrées, contiennent elles aussi des tanins et peuvent être utilisées de façon complémentaire.
Pour identifier la benoîte urbaine, on peut observer en été ses fleurs jaunes et ses fruits crochus, mais aussi, tout au long de l’année, ses feuilles basales composées, avec un foliole terminal bien plus grand que les autres. La tige est velue, et les feuilles caulinaires sont dotées de stipules, ces petits appendices à la base du pétiole, fréquents dans la famille des Rosacées. Et bien sûr, en cas de doute, il suffit de gratter légèrement une racine : si une odeur de clou de girofle s’en dégage, vous avez probablement trouvé la bonne !
Pour aller plus loin
Nous vous rappelons que la cueillette sauvage comporte des risques, que vous pouvez découvrir ici. Il est indispensable d’être sûr à 100% de vos identifications avant de consommer une plante, quelle qu’elle soit.
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