La sarriette

La sarriette

Moins connue que le thym (Thymus vulgaris) ou le romarin (Salvia rosmarinus, anciennement Rosmarinus officinalis), la sarriette (Satureja montana) n’a pourtant rien à envier à ces 2 célèbres compagnes aromatiques.

Cette plante méditerranéenne appartient aussi à la grande famille des Lamiacées, et pousse dans les milieux arides, sur des sols rocheux, dans les pelouses sèches, et les cours d’eau temporaires¹

Petite, précision, nous parlons ici de la sarriette des montagnes (Satureja montana), car il existe aussi une autre espèce cultivée en France, la sarriette des jardins ou sarriette annuelle (Satureja hortensis) parmi les 38 espèces de ce genre méditerranéen². La première est vivace tandis que la seconde est annuelle et très rare hors culture. Leur point commun : elles sont toutes les deux comestibles et délicieuses !

La reconnaître de visu

Pour résister au manque d’eau et à la sécheresse, la sarriette des montagnes a l’allure trapue et possède une tige et des rameaux ligneux dressés, d’une hauteur de 10 à 50 cm, des feuilles réduites et coriaces d’un vert cendré et de petites fleurs (6 à 10 mm) unilatérales regroupés en inflorescence plus ou moins dense aux extrémités des rameaux. Elle fleurit de juillet à septembre.¹,²

Une épice au parfum puissant et poivré

Il suffit de froisser quelques feuilles de sarriette, pour sentir un parfum, intense et poivré vous imprégner immédiatement les narines. Cette herbe aromatique aussi connue sous le nom de “poivre d’âne” en provençal a du caractère et se prête à divers assaisonnements, des plus simples aux plus élaborés. En cuisine, on la retrouve dans le mélange “herbes de provence”, mais elle relève aussi à elle seule ragoûts, viandes, pommes de terre, et pourrait même améliorer la digestibilité des légumineuses³

En balade dans les pelouses sèches ou garrigues méditerranéennes, elle agrémentera vos pique-nique ajoutés finement découpés sur des tartines de fromage frais. C’est l’expérience culinaire que nous relate Jean-Henri Fabre, un célèbre naturaliste français lors d’une de ses expéditions sur le Mont-ventoux dans les années 1860, à l’heure du déjeuner “Les vivres sont tirés de leurs sacoches, les bouteilles exhumées de leur couche de foin. Ici, les pièces de résistance, les gigots bourrés d’ail et les piles de pain ; là, les fades poulets, qui amuseront un moment les molaires, quand sera apaisée la grosse faim ; non loin, à une place d’honneur, les fromages du Ventoux épicés avec la sarriette des montagnes”⁴.

Pour les non-méditerranéens qui voudraient consommer la plante fraîche, il est bon de savoir que la sarriette peut pousser en pot ou dans votre jardin à condition de réunir des conditions propices (sol sec, exposition sud ou ensoleillée). En saison, on peut s’en procurer dans les épiceries et marchés, mais on la trouve plus facilement séchée entière ou moulue³. Et n’oublions pas l’existence de la sarriette des jardins, qui peut être plantée dans votre jardin et qui plus est, possèdent des feuilles plus tendres et tout aussi gustatives. 

En plus d’être savoureuse, la sarriette est intéressante sur le plan nutritif : elle contient une bonne teneur en fibres, en vitamine B6 et en certains minéraux comme le fer, le manganèse, le calcium et le magnésium³

Une plante essentielle dans la pharmacopée d’hier et d’aujourd’hui

La sarriette appartient à la liste A* des plantes utilisées traditionnellement de la pharmacopée française⁵ (feuilles et sommités fleuries) et dont la vente n’est pas réservée aux pharmaciens⁶.

Cette plante est connue dans la médecine traditionnelle des peuples du pourtour méditerranéen. Sans qu’elle fasse encore consensus aujourd’hui, elle aurait les vertus principales suivantes : respiratoires (contre l’asthme, expectorantes), digestives (carminatives et contre les diarrhées)⁷-⁹, antibactériennes, antivirales et insecticides.⁸,

La médecine d’aujourd’hui s’intéresse plus particulièrement à la composition de la sarriette. Même si les études cliniques sont encore trop peu nombreuses, les études de laboratoire sur les molécules de la sarriette tendent à rejoindre la médecine traditionnelle sur les propriétés anti-inflammatoires, antibactériennes, antifongiques, antivirales, respiratoires et digestives.⁹,¹⁰

Jean-Henri Fabre avait observé chez la sarriette son “menu feuillage, imprégné d’huile essentielle”⁴. L’huile essentielle de sarriette contient notamment des terpènes et du thymol⁹,¹⁰, qui lui procurent entre autres ces divers bienfaits médicinaux. 

Parfois éclipsée par d’autres aromatiques plus courantes, la sarriette est une plante qui traverse pourtant les siècles et qui à toute sa place, aussi bien côté cuisine que médecine.

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Sources

1. Tison, J.-M., Jauzein, P. & Michaud, H. Flore de la France méditerranéenne continentale Naturalia Publications (2014).

2. Tison, J.-M. & de Foucault, B. Flora gallica. Flore de France Biotope (2014).

3. Zubiria, L. Sarriette Passeport santé. (2021) Disponible sur : https://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/EncyclopedieAliments/Fiche.aspx?doc=sarriette_nu.

4. Fabre, J.-H. Souvenirs entomologiques – Étude sur l’instinct et les mœurs des insectes vol. 1 Robert Laffont (1879).

5. ANSM. Liste A des plantes médicinales utilisées traditionnellement (2024) Disponible sur : https://ansm.sante.fr/pharmacopee/liste-des-plantes-medicinales-utilisees-traditionnellement#L.

6. Code de la santé publique – Article D4211-11 (2008).

7. Cazin, F. J. Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes: avec un atlas de 200 planches lithographiées P. Asselin (1868).

8. Djenane, D., Yangüela, J., Montañés, L., Djerbal, M. & Roncalés, P. Antimicrobial activity of Pistacia lentiscus and Satureja montana essential oils against Listeria monocytogenes CECT 935 using laboratory media: Efficacy and synergistic potential in minced beef Food Control. 22, 1046‑1053 (2011).

9. Said-Al Ahl, H. A. H. et al. Phytochemical Characterization and Biological Activities of Essential Oil from Satureja montana L., a Medicinal Plant Grown under the Influence of Fertilization and Planting Dates Biology. 13, 328 (2024).

10. Santos, J. D. C. et al. Chemical composition and antimicrobial activity of Satureja montana byproducts essential oils Ind. Crops Prod. 137, 541‑548 (2019).

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