Les myosotis : peut-on les consommer ?

De nombreuses espèces

On compte une vingtaine d’espèces de myosotis en France hexagonale1 et environ 160 dans le monde2. La plupart ont des fleurs bleues mais aussi parfois blanches, jaunes ou roses3.
Parmi les espèces les plus fréquentes, on trouve : le myosotis des champs (Myosotis arvensis), le myosotis des bois (Myosotis sylvatica), le myosotis des marais (Myosotis scorpioides) et le myosotis hérissé (Myosotis ramosissima).

L’un des noms français des myosotis est « ne m’oubliez pas », de même que sa traduction en anglais, en allemand et en italien4. Une légende allemande raconte l’histoire d’un jeune homme qui, désirant ramasser pour sa fiancée un myosotis au bord d’un fleuve, tombe dans l’eau. Avant de se noyer, il jette le myosotis sur la rive en disant « ne m’oubliez pas »5. En Italie, la légende raconte que le myosotis au bord de l’eau est une noyée métamorphosée en fleur pour qu’on ne l’oublie pas4.

Les myosotis : sont-ils comestibles ?

Lorsqu’on fait des recherches sur les usages alimentaires des myosotis6-11, on s’aperçoit qu’il n’existe pas de tradition de consommation de ces espèces et que leur consommation est très rare.

On trouve quand même quelques rares mentions de leur consommation : les fleurs des myosotis sont consommées ponctuellement par quelques personnes depuis une dizaine d’année12-16. Les feuilles de myosotis des champs ont été consommées toujours ponctuellement : en Italie17 ; récemment en France16,18,19 ; et il y a environ 2400 ans au Danemark20.

Le recul d’utilisation est donc très faible et rien que ça invite à être prudent. On peut noter qu’aucune intoxication aiguë ne semble connue à cause des myosotis21-24 même si les poils raides de ces plantes pourraient causer des irritations locales25.

Et il existe un autre problème : les myosotis contiennent des alcaloïdes pyrrolizidiniques21,22,25-30. Certains de ces alcaloïdes sont toxiques pour le foie et cancérigènes21,22,31. Ainsi, l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments recommande de ne pas consommer de myosotis28.

En résumé : le manque de recul d’utilisation et la présence d’alcaloïdes toxiques invitent à déconseiller la consommation des myosotis.

Usages médicinaux des myosotis

Du côté médicinal, c’est un peu la même chose, les usages des myosotis sont rares7,9,32 et ceux-ci ne sont pas constants dans le temps ou dans l’espace.

Pendant l’Antiquité, on donnait au myosotis des marais la propriété de soigner les morsures de serpents33. En France, au XVIIème siècle, on utilisait les myosotis contre l’épilepsie34. Un peu plus tard, au XVIIIème siècle, on préconisait la racine de myosotis contre les fistules lacrymales35 et contre les inflammations des yeux36. Plus récemment on retrouve tout de même un usage contre les inflammations des yeux dans le Morvan, en Isère, ainsi qu’en Suisse18,37,38. En Lettonie au XIXème siècle, on utilisait les myosotis contre certains troubles psychologiques39. Au début du XXème siècle en Allemagne, on préconisait le myosotis des champs notamment contre les morsures, les saignements, la toux, la bronchite ou la tuberculose40. En Italie, on utilisait récemment les racines du myosotis des bois contre les diarrhées41.

Tous ces usages ayant peu en commun et n’ayant pas nettement perduré, il est probable qu’ils ne soient pas très efficaces.

De plus, il est possible que des usages médicinaux aient été attribués aux myosotis par confusions avec des plantes aux noms proches. Par exemple, en anglais, les myosotis peuvent être appelés « mouse-ear », de même que la piloselle (Pilosella officinarum) ou que les céraistes (Cerastium spp.). Ainsi, dans les îles britanniques, les usages médicinaux des myosotis sont très rares et correspondent à ceux de la piloselle contre la toux32.

Enfin, due à la présence des alcaloïdes pyrrolizidiniques déjà cités, les myosotis ne doivent pas être utilisés en interne42 ou sur une peau lésée.

En résumé : les myosotis n’ont pas de propriétés médicinales reconnues et leur utilisation est dans tous les cas déconseillée.

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Sources

1. Tison, J.-M. & de Foucault, B. Flora gallica. Flore de France. Biotope (2014).
2. POWO. Myosotis L. Plants of the World Online. (2024) Disponible sur : https://powo.science.kew.org/taxon/urn:lsid:ipni.org:names:30010296-2.
3. Stace, C. New flora of the British Isles. C&M Floristics (2019).
4. de Gubernatis, A. La mythologie des plantes ou Les légendes du règne végétal. vol. 2 (1882).
5. Rambosson, J. Histoire et légendes des plantes utiles et curieuses. Firmin-Didot et Cie (1871).
6. Bubenicek, L. Dictionnaire des plantes comestibles. L’Harmattan (2001).
7. Diazgranados, M. et al. World Checklist of Useful Plant Species. (2020).
8. Usher, G. A Dictionary of Plants Used by Man. Hafner Press (1974).
9. Moerman, D. E. Native American Ethnobotany. Timber Press (1998).
10. Sturtevant, A. H. & Hedrick, U. P. Sturtevant’s Edible Plants of the World. Dover publications inc. (1972).
11. Bois, D. Les plantes alimentaires chez tous les peuples et à travers les âges : histoire, utilisation, culture. Les plantes à boissons. vol. 4 Paul Lechevalier (1937).
12. Dann, G. Edible Plants : A forager’s guide to the plants and seaweeds of Britain, Ireland and temperate Europe. Anthropozoic Books (2022).
13. Deane, G. Edible Flowers: Part Twelve. Eat The Weeds and other things, too. (2012) Disponible sur : https://www.eattheweeds.com/edible-flowers-part-twelve/.
14. Willery, D. & Garbe, P. Toutes les plantes belles et comestibles. Ulmer (2021).
15. Beiser, R. Le guide des plantes sauvages et comestibles. Larousse (2019).
16. Paume, M.-C. Sauvages et comestibles : Herbes, fleurs & petites salades. Edisud (2015).
17. Turner, N. J. et al. Edible and Tended Wild Plants, Traditional Ecological Knowledge and Agroecology. Crit. Rev. Plant Sci. 30, 198‑225 (2011).
18. Valéry, M. Mécanismes et conséquences des confusions lors de cueillettes de plantes sauvages : une approche transdisciplinaire. Université Joseph Fourier (2015).
19. Sicard, M. Cueillir et cuisiner les plantes sauvages. Edisud (2011).
20. Marinval, P. L’alimentation végétale en France du Mésolithique jusqu’à l’Age du Fer. Éditions du CNRS (1988).
21. Bruneton, J. Plantes toxiques : Végétaux dangereux pour l’Homme et les animaux. Lavoisier (2005).
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38. Bruschweiler, S. Plantes et savoirs des Alpes : L’exemple du val d’Annivers. Monographic (2008).
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41. Guarino, C. Ethnobotanical Study of the Sannio Area, Campania, Southern Italy. Ethnobot. Res. Appl. 6, 255 (2008).
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