Le plantain est une plante sauvage très commune, délicieuse au petit goût de…champignon ! C’est une ressource culinaire à portée de main qui se déguste sous diverses formes au fil des saisons.
De quel plantain parlons-nous ?
Parmi toutes les espèces de plantains présentent en France hexagonale, le plus connu de tous est le plantain lancéolé (Plantago lanceolata), qui comme son nom l’indique, possède des feuilles lancéolées, en forme de fer de lance, dressées et nombreuses qui portent 5 à 7 nervures très saillantes. Le pédoncule qui s’apparente à une tige est long et porte les fleurs, plus discrètes mais aux étamines blanches bien visibles en période de floraison, c’est-à-dire d’avril à octobre¹.
Deux autres espèces de plantains se rencontrent un peu partout en France : le plantain majeur (Plantago major) et le plantain moyen (Plantago media)²-³, il est intéressant de pouvoir les identifier car ces deux espèces sont également comestibles.
Les feuilles de ses deux autres espèces sont de forme ovale contrairement à celles du plantain lancéolé⁴. Celles du plantain majeur sont longuement pétiolées, tandis que celles du plantain moyen n’ont pas de pétiole. La couleur des étamines est déterminante pour le plantain majeur, dont les anthères (parties terminales qui contiennent le pollen) sont brun rougeâtre.
Récolter le plantain
Le plantain pousse dans divers types d’habitats, dans les pelouses, les friches, les talus, les cultures, sur les chemins, et sûrement dans vos jardins⁴.
Toutes les parties aériennes de la plante, excepté le pédoncule (souvent trop coriace), sont comestibles.
- Les feuilles se récoltent toute l’année, mais le début de saison est plus propice à la cueillette si l’on souhaite éviter d’avoir l’amertume et la consistance fibreuse des feuilles plus âgées.
On peut aussi privilégier les feuilles situées au cœur de la rosette qui sont plus tendres que les autres.
- Les boutons floraux et jeunes inflorescences se cueillent au printemps, avant la montée en fruit.
- Les graines se récoltent durant l’été.
Même si le plantain pousse un peu partout, choisissez de préférence des zones peu fréquentées, pour éviter les risques de pollution.
Les feuilles du plantain en cuisine
Le plantain est une plante sauvage qui se déguste simplement telle quelle mais qui peut aussi entrer dans la composition de recettes plus élaborées. Les feuilles ont un délicieux goût de champignons.
Les feuilles du plantain s’apprécient crues, en salade par exemple ou durant les balades en cas de petite fringale. Il vaut mieux éviter dans ce cas de choisir les feuilles âgées et celles du plantain moyen, qui ont un goût plus amères que celles de ses confrères.
On peut aussi les faire cuire en soupe, les préparer en pesto et les intégrer à d’autres préparations, comme des tartes, des jardinières de légumes, en purée ou en association avec d’autres plantes comme l’ortie par exemple. Toutes les feuilles, même les plus âgées, se prêtent à ces préparations avec une phase de cuisson.
Les feuilles du plantain peuvent aussi être lacto-fermentées.
Les boutons floraux en cuisine
Les boutons floraux du plantain sont un vrai régal, le meilleur moment pour les déguster est au début du printemps, avant que les fleurs ne s’épanouissent.
Si vous ratez la fenêtre de cueillette, rassurez-vous, il est tout de même possible d’en profiter même si les inflorescences sont sorties. Il sera alors préférable de les faire blanchir pour les ramollir et avoir une texture plus tendre en bouche. Comme pour les feuilles, elles ajoutent une touche originale à vos salades, et s’incorporent dans divers préparations, comme les omelettes. Elles se consomment également à la façon des câpres, blanchies au vinaigre.
En revanche, une fois les inflorescences passées, mieux vaut s’abstenir de goûter aux boutons car l’amertume est alors très prononcée et gâchera le plaisir de la dégustation.
Les graines en cuisine
Les graines du plantain s’utilisent aussi en cuisine, cuites et finement broyées pour épaissir les soupes, mais aussi mélangées avec des farines de céréales pour faire du pain ou des galettes.
Les bienfaits médicinaux du plantain
La plantain est une plante sauvage non seulement comestible mais aussi médicinale, utilisée traditionnellement et ce depuis au moins l’Antiquité⁵-⁶. Les feuilles du plantain lancéolé et du plantain majeur sont aujourd’hui inscrites à la liste A des plantes traditionnellement utilisées de la pharmacopée française⁷.
Les feuilles de plantain ont des propriétés médicinales reconnues par les autorités sanitaires européennes pour soulager les affections respiratoires, notamment dû à la présence de mucilage⁸. On peut faire infuser les feuilles séchées, à raison de deux cuillères à café de plante séchée pour une tasse d’eau chaude et les boire en tisane en cas de toux sèche ou de rhume⁹-¹⁰.
Elles sont aussi efficaces pour soigner les blessures superficielles de la peau, telles que les plaies, piqûres d’insectes et petites irritations⁸. C’est un remède tout terrain efficace, il suffit de broyer et d’appliquer en cataplasme le suc de la plante fraîche sur la partie douloureuse. On peut aussi réaliser des compresses à partir de l’infusion ou d’un macérat huileux. Ce dernier consiste à faire macérer les feuilles dans de l’huile végétale dans un bocal et de laisser macérer 1 mois au soleil, en veillant à couvrir le bocal.
Le plantain aurait aussi une action antibactérienne et antivirale¹¹.
Précautions et contre-indications du plantain lancéolé¹⁰-¹¹
Par précaution, le plantain lancéolé est déconseillé aux femmes enceintes, aux enfants de moins de 3 ans, en cas d’irritation et encombrement majeur des voies respiratoires (le plantain amplifie les sécrétions). À haute dose, le plantain peut avoir des effets laxatifs et hypotenseurs.
Pour aller plus loin
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Sources
- Tison, J.-M. & de Foucault, B. Flora Gallica. Flore de France Biotope (2014).
- Global Biodiversity Information Facility (GBIF). Plantago major L. Disponible sur : https://www.gbif.org/fr/species/3189767.
- Global Biodiversity Information Facility (GBIF). Plantago media L. Disponible sur : https://www.gbif.org/fr/species/3189747.
- Thomas, R. et al. Petite flore de France : Belgique, Luxembourg, Suisse – Guide d’identification : 100 families, 500 genres, 100 espèces Belin (2016).
- Dioscorides, P., Osbaldeston, T. A. & Wood, R. P. A. De Materia Medica: Being an Herbal with Many Other Medicinal Materials Written in Greek in the First Century of the Common Era Ibidis (2000).
- Pline l’Ancien. Histoire naturelle de Pline. Tome 2 Firmin-Didot et Cie (1877).
- ANSM. Liste A des plantes médicinales utilisées traditionnellement (2025) Disponible sur : https://ansm.sante.fr/uploads/2025/01/02/liste-a-des-plantes-medicinales-utilisees-traditionnellement-janvier-2025.pdf.
- HMPC. European Union herbal monograph on Plantago lanceolata L., folium European Medicines Agency. (2024) Disponible sur : https://www.ema.europa.eu/en/documents/herbal-monograph/european-union-herbal-monograph-plantaginis-lanceolatae-folium-revision-1_en.pdf.
- Wichtl, M. & Anton, R. Plantes thérapeutiques : Tradition, pratique officinale, science et thérapeutique Lavoisier Tec & Doc (2003).
- Goetz, P. & Hadji-Minaglou, F. Conseil en phytothérapie : Guide à l’usage du prescripteur Lavoisier Tec & Doc (2019).
- Fleurentin, J. Du bon usage des plantes qui soignent Ouest France (2016).