La stellaire et l'euphorbe des jardins : la confusion possible

La stellaire et l'euphorbe des jardins : la confusion possible

La ,stellaire ou mouron des oiseaux est une plante comestible, tandis que l’euphorbe des jardins est une plante sauvage toxique. Ces deux plantes peuvent être confondues, ainsi qu’une troisième, le mouron rouge dont le nom est proche du mouron des oiseaux. Dans cet article, on vous explique comment déterminer la stellaire à coup sûr sans se faire de mouron. 

La stellaire : une fleur étoilée

La stellaire (Stellaria media) est une petite plante qui tire son nom de genre du latin stella, l’étoile¹, en référence à la disposition des 5 pétales fendus blancs de la fleur disposés en étoile. Ce terme n’est pas seulement cantonné à la botanique : on parle par exemple d’amas stellaire en astronomie pour désigner un regroupement d’étoiles dans le ciel, comme l’amas stellaire des Pléiades que l’on peut contempler dans le ciel de l’hémisphère nord.

La stellaire dont nous parlons ici est la stellaire intermédiaire, car il existe en France environ 8 espèces de stellaire². C’est la plus commune d’entre-toutes, elle fleurit toute l’année² et pousse partout sur notre territoire³. C’est une plante sans frontières, on la trouve un peu partout dans le monde entier⁴.

Certains la connaissent mieux sous le nom de mouron blanc ou encore mouron des oiseaux, ses graines étant très appréciés de ces derniers. Elles étaient notamment récoltées au XIXème siècle pour nourrir les oiseaux de volière⁵. La stellaire est aussi comestible pour nous autres humains, elle était ramassée et vendue dans les rues des villes par les “marchands de mouron” au XVIIIème siècle et jusqu’au XXème siècle⁶. Pour nous autres cueilleurs, la stellaire est toujours une denrée naturelle facile à récolter et délicieuse, à condition de ne pas la confondre avec certaines plantes toxiques qui lui ressemblent, dont une porte le même nom, sinon, il y a de quoi se faire du mouron… 

Risques de confusion

On pourrait confondre la stellaire avec deux autres plantes toxiques et communes : l’euphorbe des jardins (Euphorbia peplus) et le mouron rouge (Lysimachia arvensis). Examinons de plus près les critères qui permettent de les différencier. 

La stellaire

La famille : La stellaire (Stellaria media) fait partie de la famille des Caryophyllaceae, tout comme la saponaire (Saponaria officinalis).

Les feuilles : Elle possède des feuilles opposées, c’est-à-dire que ses feuilles sont l’une en face de l’autre.

La tige : Une particularité notable de la stellaire se révèle lorsqu’on rompt sa tige : à l’intérieur, on découvre une substance qui s’apparente à un fil élastique. En examinant la stellaire de plus près, on peut également observer une fine ligne de poils.

Les fleurs : blanches et bifides, c’est-à-dire échancrées, fendues en deux. 

L’environnement : Si vous avez beaucoup de stellaire dans vos jardins, c’est signe d’un sol équilibré, de qualité, parfait pour faire des potagers !

L’euphorbe des jardins

La famille : L’euphorbe des jardins (Euphorbia peplus) fait partie de la famille des Euphorbiaceae tout comme la mercuriale (Mercurialis perennis).

Les feuilles : Cette plante se distingue par ses feuilles disposées en alternance sur leur tige, ce qui signifie que les feuilles se situent à des niveaux différents le long de l’axe qui les supporte.

La tige : Lorsqu’on rompt la tige de l’euphorbe, on observe la sécrétion d’un liquide laiteux, un latex, qui contient les molécules toxiques de la plante.

Les fleurs : vert-jaunâtre. 

La consommation : C’est une plante sauvage toxique, impropre à la consommation.

L’environnement : La présence abondante d’euphorbe des jardins indique généralement un sol riche en nutriments pour les plantes mais qui ne retient pas bien l’eau..

Le mouron rouge

La famille : Le mouron rouge (Lysimachia arvensis) fait partie de la famille des Primulaceae tout comme la primevère officinale (Primula officinalis).

Les feuilles : Les feuilles sont opposées, c’est-à-dire que les feuilles sont l’une en face de l’autre et sessiles, elles sont directement collées à la tige. La face inférieure des feuilles présente des ponctuations noires.

Les fleurs : pétales entiers, rouges ou bleus. 

La tige : Lorsque l’on rompt la tige, elle est pleine, il n’en sort ni latex ni élastique. Elle a une forme anguleuse et sa surface est entièrement lisse. 

La consommation : C’est une plante sauvage toxique, impropre à la consommation.

L’environnement : La présence abondante de mouron indique un sol riche voir en surplus d’azote, meuble et léger. 

On pourrait aussi confondre la stellaire avec un autre groupe d’espèces de la même famille, les céraistes aux fleurs blanches. Pour les différencier à coup sûr, on peut compter le nombre de styles (organes femelles de la plante), les stellaires en ont 3 tandis que les céraistes en ont 5⁷.

Une plante comestible

La stellaire est souvent utilisée par les chefs en décoration d’assiette. Mais on peut la consommer crue ou cuite, en velouté, en salade… Elle a un goût très délicat, et est nutritivement intéressante car elle contient des minéraux comme le calcium, le fer, le phosphore et le zinc, des vitamines ainsi que des protéines dont 16 acides aminés⁸,.

Attention à ne pas trop en abuser en raison de la présence de certaines molécules dans les feuilles, les saponosides. Les graines peuvent être broyées et mélangées à d’autres farines ou encore être ajoutées dans les soupes¹⁰. Au Japon, la stellaire est une plante célèbre que l’on déguste aux côtés de 6 autres plantes et de riz pour concocter le plat traditionnel de la fête du Nanakusa-no-sekku, la “fête aux sept herbes”¹⁰

Une plante de la médecine traditionnelle

Si la stellaire est une plante connue des médecines traditionnelles asiatiques et indiennes¹¹, qui prêtent notamment aux feuilles préparées en décoction des vertus sur la sphère gastrique et respiratoire, elle apparaît peu dans la littérature médicinale européenne. Au XIXème siècle, Duchesne la préconise en usage externe pour ses propriétés vulnéraires, anti-inflammatoires et astringentes⁵. Certaines études scientifiques⁸,¹¹soulignent aujourd’hui son potentiel thérapeutique : elle faciliterait la perte de poids, aurait une action antibactérienne, antifongique¹², anti-inflammatoire¹³ et pourrait également réduire l’anxiété. 

Néanmoins, aucune de ces propriétés médicinales n’est reconnue par les instances officielles de santé. La stellaire reste absente de la liste A des plantes médicinales utilisées traditionnellement en France¹⁴. En l’absence de recul sur son usage médicinal, rien n’empêche cependant de la consommer avec modération pour en faire une délicieuse salade.

Pour aller plus loin

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Sources

  1. Ferrari, J.-P. Dictionnaire Etymologique de la Flore Française Lechevalier (1984).
  2. Tison, J.-M. & de Foucault, B. Flora Gallica. Flore de France Biotope (2014).
  3. MNHN, O. Fiche de Stellaria media (L.) Vill., 1789 Inventaire national du patrimoine naturel. (2025) Disponible sur : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/125014.
  4. GBIF. Stellaria media (L.) Vill Global Biodiversity Information Facility. (2025) Disponible sur : https://www.gbif.org/fr/species/5384604.
  5. Duchesne, E. A. Répertoire des plantes utiles et des plantes vénéneuses du globe Jules Renouard (1836).
  6. Ward, J. Le mouron des oiseaux Gallica. (2021) Disponible sur : https://gallica.bnf.fr/accueil/fr/html/le-mouron-des-oiseaux.
  7. Thomas, R., Maillart, M. & Busti, D. Petite flore de France (NE) Belin (2018).
  8. Singh, R., Chaudhary, M. & Chauhan, E. S. Stellaria media Linn.: A comprehensive review highlights the nutritional, phytochemistry, and pharmacological activities J. Herbmed Pharmacol. 11, 330‑338 (2022).
  9. Shan, Y. et al. Amino-acid and mineral composition of Stellaria media Chem. Nat. Compd. 46, 667‑668 (2010).
  10. PFAF. Stellaria media – (L.)Vill. Plant For A Future. Disponible sur : https://pfaf.org/user/Plant.aspx?LatinName=Stellaria+media.
  11. Oladeji, O. S. & Oyebamiji, A. K. Stellaria media (L.) Vill.- A plant with immense therapeutic potentials: phytochemistry and pharmacology Heliyon. 6, e04150 (2020).
  12. Rogozhin, E. A. et al. A novel antifungal peptide from leaves of the weed Stellaria media L Biochimie. 116, 125‑132 (2015).
  13. Bukola, O., Adebowale, B. & Olayinka, A. Anti-inflammatory and Analgesic effects of Methanol Extract of Stellaria media (L.) Vill Leaf 15, (2014).
  14. ANSM. Liste A des plantes médicinales utilisées traditionnellement (2025) Disponible sur : https://ansm.sante.fr/uploads/2025/01/02/liste-a-des-plantes-medicinales-utilisees-traditionnellement-janvier-2025.pdf

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