La mycène rose est-elle hallucinogène ?

La mycène rose est-elle hallucinogène ?

La mycène rose (Mycena rosea) est un champignon fréquent des forêts de feuillus. Il est généralement considéré comme toxique et on entend parfois qu’il serait hallucinogène. Voyons ensemble ce qu’on peut en dire aujourd’hui.

Présentation de la mycène rose

La mycène rose (on dit aussi parfois le mycène) est un champignon surtout saprotrophe, c’est-à-dire qu’il consomme des matières organiques mortes comme des feuilles mortes. Elle semble parfois pouvoir être mycorhizienne dans certaines conditions¹. On la trouve surtout à l’automne, dans les forêts de feuillus, particulièrement dans les forêts de hêtres.

On la reconnaît à son chapeau rose qui se décolore souvent vers le centre, à son pied blanchâtre à rose pâle, à son odeur nette de radis. La mycène rose a donc une couleur et une odeur de radis ! On trouve des lames rose pâle sous le chapeau. Son chapeau est un peu mamelonné²-⁴.

La toxicité de la mycène rose

Historiquement, la mycène rose était considérée comme une variété de la mycène pure (Mycena pura). La séparation de ces deux espèces semble aujourd’hui bien admise mais il reste qu’elles sont génétiquement très proches⁵,. Il est donc très probable que la toxicité de la mycène rose soit très proche de celle de la mycène pure, ce que nous prenons en compte pour la suite.

La mycène rose a été décrite comme comestible pendant longtemps⁷-¹⁰. Mais elle a tout de même été suspectée d’être toxique dès le début du XXème siècle¹¹,¹². Elle est aujourd’hui le plus souvent considérée comme toxique²,³,¹³

La mycène rose contient ou est susceptible de contenir seulement une faible quantité de muscarine¹⁴,¹⁵. De plus, cette muscarine pourrait être en grande partie sous une forme (isomère) moins active¹⁵. La muscarine, lorsqu’elle est consommée en assez grande quantité, produit un syndrome muscarinien au bout de 15 minutes à 2 heures et qui se manifeste notamment par une sudation importante, une diminution de la taille des pupilles et des troubles gastro-intestinaux (vomissements, diarrhées, etc.)³,¹⁶.

Les cas d’intoxication par les mycènes roses ou pures sont très rares voire absents dans les études des 30 dernières années¹⁷-²³, et se limitent à des troubles gastro-intestinaux²³, ce qui ne correspond pas au syndrome muscarinien. De rares cas d’hallucinations existent pour la mycène pure, dont un cas qui aurait entraîné des troubles psychologiques pendant plusieurs mois²⁴, mais ces cas sont antérieurs aux années 1990 et difficilement attribuables à la bonne espèce. Enfin, la mycène rose ne contient pas de psilocybine ou de molécules proches, connues pour être hallucinogènes²⁵

Au final, on peut conclure que la mycène rose n’est probablement pas hallucinogène comme cela a déjà été dit ailleurs²⁵,²⁶. Elle ne provoque probablement pas non plus de syndrome muscarinien, comme cela a aussi déjà été dit ailleurs²³. En revanche, elle est susceptible de provoquer des troubles gastro-intestinaux. Nous déconseillons sa consommation.

Pour aller plus loin

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Sources

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  2. Eyssartier, G. & Roux, P. Guide des champignons France et Europe. Belin (2024). 
  3. Courtecuisse, R., Duhem, B. & Vincenot, P. Champignons de France et d’Europe. Delachaux (2024). 
  4. Kibby, G. Mushrooms and toadstools of Britain & Europe Volume 2 Agarics – part 1. Geoffrey Kibby (2020). 
  5. Cortés-Pérez, A. et al. New Species of Bioluminescent Mycena Sect. Calodontes (Agaricales, Mycenaceae) from Mexico. J. Fungi. 9, 902 (2023). 
  6. Nagamune, K. et al. Two new Mycena section Calodontes species: One newly discovered and the other new to Japan. Mycoscience. 65, 111‑122 (2024). 
  7. Delisle Hay, W. An Elementary Text-book of British Fungi. Swan Sonnenschein, Lowrey & co. (1887). 
  8. Cordier, F.-S. Les champignons : histoire, description, culture, usages des espèces comestibles, vénéneuses, suspectes employées dans les arts, l’industrie, l’économie domestique, la médecine. J. Rothschild (1876). 
  9. Romagnesi, H. Champignons d’Europe. Bordas (1977). 
  10. Maublanc, A. & Viennot-Bourgin, G. Champignons de France. vol. 2 Paul Lechevalier (1959). 
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  12. Costantin, J. Atlas des champignons comestibles et vénéneux. Librairie générale de l’enseignement (1926). 
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