AU PAYS DES GALLES : UN MONDE MÉCONNU

Malgré leur nom peu attrayant, les galles comptent environ 1600 espèces en France1. Ce peuple parasite à la frontière des règnes colonise tous types de milieux.

Qu’est-ce qu’une galle ?

Les galles ou «cécidies» sont des excroissances végétales, formes de tumeurs causées à 75% par des arthropodes (insectes et acariens). Les champignons (rouilles et charbons) représentent environ 20% des espèces, contre seulement 10% de bactéries et nématodes1. Les virus minoritaires sont encore mal connus. Piratés génétiquement par l’un de ces auteurs, la réponse des végétaux se traduit par une production anormale de tissu nourricier.

Chez les insectes et acariens, l’excroissance s’apparente à une véritable loge protectrice et nourricière pour les larves. Les galles sont variables : elles peuvent former un nouvel organe, hypertrophier un organe existant, ou encore déformer leur hôte en inhibant la croissance des organes floraux. Dans ce dernier cas, les attaques sont le plus souvent perpétrées par des champignons comme les Taphrina à l’origine des balais de sorcières ou la rouille du pois (Uromyces pisi-sativi) provoquant la virescence de l’euphorbe petit cyprès (Euphorbia cyparissias)2. Chez les bactéries, les galles peuvent former d’impressionnantes tumeurs appelées “crown-gall”1.

Quelques galles communes

Il existe autant d’espèces de galles que de formes, de tailles, de couleurs, et d’architectures extravagantes. Pour exemple : la galle cornue du phytopte du tilleul (Eriophyes tiliae) causée par un acarien, la galle ananas de l’épicéa (Adelges abietis) provoquée par un puceron, ou encore certaines galles de chêne (Cynips quercusfolii) abritant des larves de guêpe sous les feuilles de chêne3.
La galle bédégar (Diplolepsis rosae), localisée sur les bourgeons et feuilles des rosiers sauvages est particulièrement reconnaissable à sa chevelure rousse. Elle peut abriter jusqu’à 50 larves des guêpe du genre Cynips3.

Où peut-on les observer ?

Toutes les parties de la plante : racines, tiges, branches, feuilles, fleurs et bourgeons sont concernées. Un arbre peut héberger une centaine d’espèces différentes, comme le chêne. Sur ce dernier, fruits, feuilles, fleurs, bourgeons ou même fruits peuvent être attaqués par des guêpes parasites. Les galles peuvent également s’attaquer aux plantes basses comme les cirses, les joncs, les ronces, etc.3.

Pour la petite histoire :

Dès le Moyen Âge, les galles sont utilisées pour leurs propriétés tinctoriales en raison de leur forte concentration en tanins. Elles figurent parmi les produits les plus importés par les tanneurs en Italie à cette époque4.
En Extrême-Orient, la galle de Chine qui se développe sur le Sumac de Chine (Rhus semialata) a longtemps servi à teindre les tissus en noir et à tanner les peaux5.
En France, la galle du phylloxéra (Daktulosphaira vitifoliae) a provoqué des ravages dans le vignoble à partir de 1856. Les pustules visibles sur la face inférieure des feuilles de vignes sont l’œuvre d’un puceron originaire de l’est des États-Unis5.

La galle contre la maladie

Si les galles sont connues des pharmacopées traditionnelles du monde comme les galles du Chêne (Quercus spp.) ou du Sumac (Rhus spp.), leurs propriétés sont encore à l’étude6,7. Par exemple, la galle du chêne a été utilisée en thérapeutique traditionnelle pour sa richesse en tanin et pour des propriétés similaires ou proches de l’écorce8,9 tandis que le bédégar de l’églantier était gardé dans la poche pour lutter contre les maux de dents10. Vingt galles de bédégar de l’églantier préparées en décoction auraient des vertus antitussives et anti-asmathiques11. Certaines galles possèdent des propriétés antioxydantes démontrées comme les extraits de galles de certains figuiers12.

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Sources

1. Dauphin, P. Les galles ou cécidies Insectes. 2 (1994).
2. Spohn, M. & Spohn, R. Fleurs et insectes Delachaux et niestlé (2016).
3. Staehli, A. Les petites bêtes Salamandre (2023).
4. Harsch, M. La teinture et les matières tinctoriales à la fin du Moyen ge: Florence, Toscane, Méditerranée Univ. Paris Cité. (2020).
5. Fraval, A. Galles de pucerons Insectes. 6 (2017).
6. Patel, S., Rauf, A. & Khan, H. The relevance of folkloric usage of plant galls as medicines: Finding the scientific rationale Biomed. Pharmacother. 97, 240‑247 (2018).
7. Elham, A., Arken, M., Kalimanjan, G., Arkin, A. & Iminjan, M. A review of the phytochemical, pharmacological, pharmacokinetic, and toxicological evaluation of Quercus Infectoria galls J. Ethnopharmacol. 273, 113592 (2021).
8. Valnet, J. La phytothérapie: se soigner par les plantes (1983).
9. Cazin, F. J. & Cazin, H. Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes, avec un atlas de 200 planches lithographiées Paris, P. Asselin (1868).
10. Crosnier, C. La cueillette des savoirs (1998).
11. Kozuharova, E., Benbassat, N. & Napier, J. New records of the remedial properties of vascular plants, some traditionally accepted as medicinal plants and some less familiar to ethnobotanists (2012).
12. Eshwarappa, R. S. B., Iyer, S., Subaramaihha, S. R., Richard, S. A. & Dhananjaya, B. L. Antioxidant activities of ficus glomerata (moraceae) leaf gall extracts Pharmacogn. Res. 7, 114‑120 (2015).