Le hêtre, le roi de nos forêts
Dans la vidéo ci-dessus, on vous explique comment reconnaître le hêtre (Fagus sylvatica) et le différencier du charme.
Les feuilles, les graines, le bois, les bourgeons… Découvrez vite ses vertus !
Le hêtre Fagus sylvatica a un feuillage dense qui laisse peu filtrer la lumière : les forêts de hêtres sont assez sombres, peu de plantes arrivent à se développer à leur pied. Le hêtre est l’espèce principale d’arbre constituant les dernières forêts primaires d’Europe, situées dans les Carpates.
Où le trouve-t-on et comment le reconnaître?
- On trouve le hêtre communément dans la moitié nord de la France et plutôt en montagne dans la moitié sud. Il aime l’ombre, l’humidité et les sols argileux pas trop riches en matière organique.
Il peut vivre 300 ans et atteindre 40 m de hauteur. Ses racines sont souvent visibles près du tronc. - Son écorce est gris clair et lisse, elle ressemble un peu à une patte d’éléphant.
- Les feuilles, caduques, sont alternes, ovales, au bord externe lisse, à 4 ou 5 lobes arrondis et portent de petits poils blancs.
- La floraison du hêtre a lieu en avril-mai. Fleurs mâles et fleurs femelles se trouvent sur le même arbre. Les fleurs mâles, brun-jaune, sont groupées en chatons globuleux suspendus sur un jeune rameau. Les fleurs femelles, vertes, sont réunies par 2 ou 3 dans une enveloppe – une cupule hérissée de pointes molles (que l’on retrouvera sur le fruit).
- Les faînes, fruits du hêtre apparaissent en automne, tous les deux à trois ans environ et de manière abondante. Elles tombent d’elles-mêmes quand elles sont mûres. La faîne est la partie brune triangulaire qui se trouve à l’intérieur de la cupule hérissée, laquelle ressemble à une toute petite bogue de châtaigne. Chaque “bogue” contient 2 à 3 fruits, renfermant eux-mêmes une graine chacun. C’est cette graine, ou amande, qui est comestible. Elle a une saveur délicate rappelant la noisette.
Ramasser et déguster les faînes
- Ramassez les faînes au sol en septembre-octobre, en vous assurant qu’elles n’ont pas de petits trous : dans le cas contraire, c’est qu’elles ont déjà été visitées par les insectes !
- Pour manger les faînes, faites-les tremper dans des bains successifs et jetez l’eau de trempage avant consommation. Vous pouvez les griller, les servir en apéro ou en garniture de salade. Les Amérindiens les faisaient bouillir puis les écrasaient en purée. On peut aussi les sécher et les réduire en farine pour enrichir une pâte à pain ou à gâteau.
- L’amande de la faîne est riche en lipides et glucides. Elle peut fournir une huile savoureuse, non toxique, pouvant accompagner les salades, les crudités ou le poisson.
- Néanmoins, ne consommez pas trop de faînes ! Elles contiennent une substance toxique pouvant causer des troubles intestinaux, avec crampes, diarrhées ou nausées à la clef.
Écorce, feuilles et bourgeons de hêtre : des usages médicinaux
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Récolter et utiliser l’écorce et les feuilles de hêtre
- Prélevez toujours l’écorce sur les branches et non sur le tronc. De préférence sur des branches fraîchement élaguées afin d’éviter d’infliger des blessures à l’arbre, qui l’exposeraient aux parasites.
Les feuilles se récoltent au printemps, quand elles sont jeunes. Vous pouvez les faire sécher pour les conserver. - Propriétés
L’écorce et les feuilles font baisser la fièvre : on les utilisait traditionnellement en Europe pour traiter le paludisme. Elles agissent aussi comme antiseptique, en empêchant le développement des bactéries et virus.
Le hêtre contient un polyoside anti-inflammatoire efficace pour protéger la muqueuse de l’estomac en cas de gastrite.
Les tanins, présents dans l’écorce et les feuilles leur confèrent des propriétés vermifuges (utiles contre les vers parasites de l’intestin), antiseptiques et anti-inflammatoires utiles en externe également.
A haute dose, le hêtre a un effet purgatif. - Usage externe
En Europe et Amérique du Nord, on appliquait une décoction d’écorce ou de feuilles sur la peau pour laver plaies, enflures, ampoules, démangeaisons cutanées, inflammations et maladies de peau (eczéma, psoriasis). - Usage interne
Réduit en charbon végétal, le hêtre est un antiseptique et désinfectant intestinal, allié contre certains désordres par sa capacité à absorber les gaz excessifs. Le charbon, précieux en cas de gastro-entérite ou diarrhée du voyageur, doit être pris à distance des médicaments.
- Prélevez toujours l’écorce sur les branches et non sur le tronc. De préférence sur des branches fraîchement élaguées afin d’éviter d’infliger des blessures à l’arbre, qui l’exposeraient aux parasites.
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Bourgeons
Ils stimulent l’immunité en cas de maladies infectieuses chroniques ou sentiment de fatigue. Ils auraient aussi une action anti-allergique.
-> Macérat-mère de bourgeons : 10 à 15 gouttes par jour pour un adulte de 70 kg, à prendre diluées dans un verre d’eau.
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Quelques sites et ouvrages de référence :
Flora gallica : Flore de France, Jean-Marc Tison et Bruno de Foucault, Biotope Éditions, 2014, p. 767
L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices, alimentaires et médicinales : Guide de diagnostic des sols, Volumes 1 à 3, Gérard Ducerf, 4e édition, Promonature, tome 2, p. 159
Plantes comestibles, Cueillette et recettes des 4 saisons, Guy Lalière, Christophe Anglade, Christophe Leray, Debaisieux, 2012, p. 176
Flore complète portative de la France, de la Suisse et la Belgique, Gaston Bonnier et Georges de Layens, Belin, 1986, p. 79, p. 172
Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, Paul-Victor Fournier, Omnibus, 2010, p. 507
Le régal végétal : Reconnaître et cuisiner les plantes comestibles, François Couplan, Nouvelle édition, Sang de la Terre, 2017, p. 229
Guide nutritionnel des plantes sauvages et cultivées, François Couplan, Broché, 2011, p. 125
La phytothérapie : Traitement des maladies par les plantes, Dr Jean Valnet, Éditions VIGOT, 2001, p. 307
Le petit Larousse des plantes qui guérissent : 500 plantes et leurs remèdes, Larousse, 2016, p. 470, 471
La Gemmothérapie : Médecine des bourgeons, Philippe Andrianne, Broché, 1998, p. 148
Traité pratique de phytothérapie, Dr Jean-Michel, MOREL, Grancher, 2017, p. 255
Flore forestière française : guide écologique illustré, volume I Plaines et collines, J.- C. Rameau, D. Mansion, G. Dumé, Institut pour le développement forestier, p. 401, p. 629
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