L’alliaire, le wasabi sauvage
Alors qu’elle fait partie de la famille des choux, l’alliaire sent l’ail. On croque sa tige, ses feuilles et ses fleurs au printemps, ses fruits et graines dès le mois d’août et ses racines piquantes dans sa première année, avant que sa tige ne sorte trop.
Une plante des sous-bois qui sent l’ail
Alliara petiolata ou officinalis appartient à la famille des brassicacées, comme le chou, le navet, le radis ou la moutarde.
- Très abondante, elle aime les sols compacts, riches en humus ou en cours de fossilisation et se tient à mi-ombre dans des lieux frais, plutôt humides. Sous-bois, lisières, bords de chemins, abords de maisons, cultures ou décombres : voilà des lieux propices pour la rencontrer, et ce jusqu’à 1000 m d’altitude.
- Mesurant de 40 à 100 cm, l’alliaire n’a presque pas de poils. Si elle en a, ils sont doux.
- Sa tige est ronde.
- Ses feuilles sont alternes, contrairement à celles du lamier blanc ou de l’ortie. Leur limbe est crénelé irrégulier, ou ondulé (contrairement à celles de la violette ou du lierre terrestre). Les feuilles de la base ont un long pétiole et sont plutôt arrondies. Celles plus haut sur la tige sont plus triangulaires.
Lorsque l’on froisse les feuilles, on sent une odeur d’ail prononcée avec une touche de chou. C’est une exception chez les Brassicaceae. Basiquement, celles-ci sentent le chou, le radis ou la roquette. - Les fleurs, blanches, formées de 4 pétales en croix, sentent aussi cette odeur piquante, soufrée et aillée.
- La racine, elle, sent le raifort.
- Les fruits sont des siliques, sortes de gousses avec une cloison et des graines de chaque côté.
L’odeur d’une plante est un indice précieux : l’alliaire et l’ail sont les seules plantes de nos régions à sentir fort l’ail.
Elle n’est pas toxique. Seules deux plantes de la famille des Brassicaceae le sont en Europe : la giroflée commune Erysimum cheiri et la velar fausse-giroflée Erysimum cheirantoides.
Cueillir l’alliaire
L’alliaire est une plante bisannuelle : elle fait son cycle en deux ans.
- Pour profiter de sa racine, il faut la cueillir en fin d’automne ou au début de l’hiver de sa première année. Plus tard, elle sera sèche et fibreuse.
- Les feuilles se récoltent au printemps, lorsqu’elles forment une touffe, de préférence avant la floraison pour limiter l’amertume.
- On cueille les fleurs au printemps et les fruits en juillet-août.
L’alliaire abonde. Ne vous en privez donc pas !
Nature, condiment ou pesto
Tout se mange dans l’alliaire. Elle contient beaucoup de vitamine C, aux propriétés antioxydantes, stimulant le système immunitaire et facilitant l’assimilation du fer. Attention aux excès : l’alliaire contient aussi des glucosinolates, molécules soufrées aux propriétés dépuratives et détoxifiantes pouvant irriter les muqueuses.
- Pelée et croquée, la tige jeune a un goût sucré et juteux.
- La racine pique, comme du radis noir ou du raifort. On la mange crue ou en condiment.
-> Vous pouvez atténuer le piquant en la faisant dégorger dans du sel.
-> Râpée ou sous forme de pickles, elle relève une poêlée de champignons ou n’importe quel autre plat. - Broyées avec vinaigre et huile, les graines servent à faire une moutarde.
- Feuilles, fleurs et jeunes siliques ont une saveur aillée, piquante, légèrement amère.
On les mange crues en salades et pestos, ou revenues rapidement à la poêle. La cuisson fait disparaître le goût d’ail et laisse l’amertume. Celle-ci peut être diminuée par macération dans un mélange acide.
-> Recette : pesto d’alliaire. Hachez finement 2 poignées de feuilles, faites-les fondre à feu doux avec un peu d’huile d’olive. Éteignez le feu, rajoutez de l’huile, salez, placez au frais. A tartiner sur du pain ou comme sauce pour vos légumes ou céréales.
L’alliée de la gorge et des plaies
L’alliaire s’utilise principalement pour deux raisons :
- Le soin des maux de gorge, extinctions de voix, toux, pharyngites et autres inflammations au niveau de la gorge et des bronches. Par exemple, en cas d’inflammation pulmonaire chronique ou d’asthme, on peut selon Fournier boire une décoction de 100 g d’alliaire fraîche par litre.
- L’aide à la désinfection et à la cicatrisation des plaies ou des dermatoses (eczéma, plaies infectées, ulcères). Même en interne : elle contribue à rééquilibrer une flore intestinale infectée, par exemple, par des champignons comme Candida albicans.
Ces propriétés concernent la plante entière (racines, feuilles, fleurs, graines) et sont dues notamment aux glucosinolates, molécules soufrées à l’origine de sa saveur piquante et un peu amère. Pour exalter ces propriétés, la plante doit être utilisée fraîche ou sous forme de teinture alcoolique.
Le Chemin de la Nature a pour objectif de transmettre la connaissance des plantes sauvages et leurs usages aux futurs cueilleurs. Nous organisons des sorties, ateliers et stages sur le thème des plantes sauvages comestibles et médicinales, et de la naturopathie. Ces balades s’adressent autant aux novices qu’aux initiés, chefs cuisiniers, permaculteurs, mais aussi aux entreprises et écoles.
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Quelques sites et ouvrages de référence :
http://www.tela-botanica.org
http://wikiphyto.org/
Flora gallica : Flore de France, Jean-Marc Tison et Bruno de Foucault, Biotope Éditions, 2014
L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices, alimentaires et médicinales : Guide de diagnostic des sols, Volumes 1 à 3, Gérard Ducerf, 4ème édition, Promonature
Récolter les jeunes pousses des plantes sauvages comestibles en toute confiance, sans risque de confusion, Moutsie, Gérard Ducerf, Éditions de Terran, 2015
La phytothérapie : Traitement des maladies par les plantes, Dr Jean Valnet, Editions VIGOT, 2001
Medical Herbalism: The Science Principles and Practices Of Herbal Medicine Hardcover, David Hoffmann, 2003
Les belles vénéneuses : Plantes sauvages toxiques, François Couplan, Édition Equilibres Aujourd’hui, 1990
L’appel gourmand de la forêt, Linda Louis, Édition la plage, 2011
250 remèdes naturels à faire soi-même, Dr Claudine Luu, Terre vivante , 2016
Le guide familial des plantes médicinales, D. Lousse, N, Massé, C, Saint-Béat, A, Tardif, Broché, 2017
Du bon usage des plantes qui soignent, Jacques Fleurentin, Jean-Claude Hayon Ouest France, 2016
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