Trois raisons de mettre les plantes au cœur du combat climatique

Trois raisons de mettre les plantes au cœur du combat climatique

Le rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec) paru le 8 octobre 2018 alerte sur le lourd impact d’une augmentation de plus de 1,5°C : vagues de chaleur, extinctions d’espèces, fonte des calottes polaires… Il nous faut réduire nos émissions de CO2 de 45% d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010, et être neutre en carbone en 2050. Les forêts pourraient en partie y contribuer à condition de les préserver. Mais l’impact du changement climatique sur les plantes se fait déjà sentir.

 

1. Les forêts, puits de carbone

Forêts, sols et océans sont des puits de carbone. Sur les milliards de tonnes de carbone expulsés dans l’atmosphère durant les siècles derniers par les humains, seulement 43% ont réellement contribué à l’augmentation de l’effet de serre. Le reste, ce sont les forêts, les océans et les sols qui l’ont avalé – provisoirement du moins.

Les végétaux absorbent le CO2 de l’atmosphère grâce à la photosynthèse et transforment ce gaz en matière vivante, en libérant de l’oxygène. Dans les océans aussi, c’est la photosynthèse qui se trouve en début de chaîne.

Plus du quart du CO2 que nous émettons dans l’atmosphère est absorbé par les arbres grâce à la photosynthèse.

Les stocks de carbone dans les systèmes terrestres (forêts, sols, prairies, zones humides) sont plus de 3 fois supérieurs aux quantités présentes dans l’atmosphère.

Ces milieux naturels sont donc cruciaux à préserver si l’on veut lutter contre le changement climatique ! Si nous détruisons les forêts, ce dernier empirera.

 

balade au bois de vincennes

 

2. Les plantes, moyen de lutte contre la canicule

Mais ce fonctionnement naturel est près de se rompre. Parce que l’augmentation de la température elle-même ralentit la photosynthèse. Et dans les océans, parce que la hausse des températures se combine à l’acidification, qui entravent la capacité d’absorption.

En parallèle, la déforestation élimine ces puits de carbone : elle représente 20% des émissions mondiales de GES, soit plus que le secteur des transports. Et si elle a ralenti au début des années 2010, elle a de nouveau accéléré en 2016. Selon l’Institut national sur la recherche spatiale, 8000 km2 de forêt ont été détruits en Amazonie en 2016, soit 29% de plus par rapport à 2015.

Par ailleurs, les plantes ne jouent pas seulement le rôle de puits de carbone : elles régulent aussi la température de l’air en apportant de l’ombre et de la fraîcheur. En ville, elles sont indispensables pour lutter contre les canicules à venir.

Il serait donc judicieux de la part de l’Union européenne de miser sur la préservation de ses 182 millions d’hectares de forêt, soit 42% de sa surface, afin de réduire ses émissions de 40% d’ici 2030. Encore faut-il pour cela arrêter d’urbaniser à outrance marais, mangroves, tourbières, prairies humides et forêts, que ce soit pour construire des routes, des aéroports ou agrandir des mines.

 

 

 

3. Les plantes pâtissent du changement climatique

En parallèle, les plantes elles-mêmes pâtissent du changement climatique. Pour de nombreuses espèces, les rythmes saisonniers sont bouleversés : bourgeonnement, floraison, maturation des fruits se font plus précoces. Une étude parue dans Nature en 2012 montre que les expériences de simulation de l’impact du réchauffement climatique sur les plantes sous-estiment la réalité : les plantes saisonnières sortent de terre bien plus tôt au printemps que par le passé. Ainsi, pour chaque degré de plus, floraison et apparition des feuilles se produiraient entre 2,5 et 5 jours plus tôt.

Par ailleurs, les espèces (végétales comme animales) migrent vers le nord et en altitude : le changement climatique redistribue ni plus ni moins la carte de répartition de la vie sur Terre. L’Agence européenne de l’environnement indique qu’il est possible que « d’ici la fin du 21e siècle, les espèces végétales européennes se déplacent de centaines de kilomètres vers le nord et que 60% des espèces végétales montagnardes soient menacées d’extinction ». Selon Gretta Pecl, auteure d’une étude publiée en mars 2017 dans Science, les espèces terrestres se déplaceraient vers les pôles à une vitesse de 17 mètres par décennie ! Et près de la moitié des espèces serait aujourd’hui en mouvement dans le monde.

 

Protégeons les forêts existantes !

La forêt pourrait aussi moins produire à cause du changement climatique. Selon l’Observatoire pyrénéen du changement climatique, une baisse des productions moyennes de la forêt pyrénéenne de 4 à 12% est attendue d’ici 2025. Ce qui corrobore le résultat d’une autre étude, publiée le 10 octobre dernier dans Nature. Celle-ci montre que les pays de l’UE auraient intérêt à protéger leurs forêts existantes et à tenter de les aider à s’adapter au climat de demain, plutôt que simplement compter sur elles pour enrayer le changement climatique.

Rappelons qu’en Europe et en Asie centrale, en dix ans, 42% des espèces d’animaux et plantes terrestres ont vu leur population décliner.

Il est donc plus que temps de protéger nos forêts et de reverdir nos villes !

 

Fondé par Christophe de Hody, Le Chemin de la Nature a pour objectif de transmettre la connaissance des plantes sauvages et leurs usages aux futurs cueilleurs. Nous organisons des sorties, ateliers et stages sur le thème des plantes sauvages comestibles et médicinales, et de la naturopathie. Ces balades s’adressent autant aux novices qu’aux initiés, chefs cuisiniers, permaculteurs, mais aussi aux entreprises et écoles.

Les événements à venir :
https://www.lechemindelanature.com/balades-et-ateliers/