Il existe une solution miracle et tout à fait naturelle contre les piqûres d’insectes et les petites égratignures : le plantain, une plante sauvage des plus communes disponible un peu partout sur notre territoire. Non seulement médicinale, le plantain est aussi comestible ! On vous en dit plus à son propos dans la suite de cet article.
Qu’est-ce que le plantain lancéolé ?
Le plantain lancéolé est une plante sauvage très commune¹ aux feuilles nombreuses, dressées, en forme de fer de lance, d’où son nom de plantain “lancéolé”. Il porte aussi d’autres noms comme celui d’“herbe à cinq côtes” ou “herbe à cinq coutures”, en référence à ses 5 à 7 nervures très saillantes, qui résistent à la cassure.
Le plantain lancéolé fleurit d’avril à octobre², ses petites fleurs ont de minuscules pétales bruns et des étamines blanches bien visibles. Elles sont regroupées en épi au sommet d’un semblant de tige qui n’est autre que le pédoncule de l’inflorescence, c’est-à-dire la partie de la plante qui s’apparente à une tige et porte les fleurs.
Il existe deux autres espèces de plantains très communs en France : le plantain majeur (Plantago major) et le plantain moyen (Plantago media)³-⁴. Les usages de ces deux autres espèces de plantains sont quasiment les mêmes que celles du plantain lancéolé sur le plan culinaire.
On distingue le plantain majeur et le plantain moyen du plantain lancéolé par la forme de leurs feuilles qui ne sont pas allongées mais plus larges et ovales⁵. Entre ces deux espèces, un des critères faciles à observer est la présence ou l’absence de pétiole. Si les feuilles sont pétiolées, alors on est en présence du plantain majeur, sinon, si les feuilles n’ont pas de pétiole, on est alors face au plantain moyen.
La couleur des étamines est déterminante pour le plantain majeur, dont les anthères (parties terminales qui contiennent le pollen) sont brun rougeâtre.
Le plantain : une plante médicinale tout terrain
Une fois sûr de votre identification, vous pourrez profiter des propriétés médicinales du plantain, qui agit sur différentes sphères de notre organisme.
Au niveau de la peau et des muqueuses, cette plante aide à la cicatrisation, calme et adoucit les démangeaisons . Si vous vous êtes fait piqué par un moustique ou une guêpe, si vous êtes tombé-e dans des orties ou en cas de simple égratignure : cueillez quelques feuilles de plantain, pressez-les entre vos doigts (s’ils sont propres, c’est mieux) pour en faire sortir le jus ; et appliquez cette petite boule sur votre peau comme une compresse, sans frotter, jusqu’à ce que s’atténue la douleur.
Ce remède ne date pas d’aujourd’hui, il était couramment utilisé et prodigué par les femmes au XIXème siècle dans les campagnes françaises⁶. Cet usage traditionnel est aujourd’hui reconnu par les autorités européennes de santé : le plantain dispose d’une monographie de contrôle et ses feuilles sont inscrites à la pharmacopée française et européenne⁷. Même si il est facile de s’en procurer au vu de sa large répartition et de son caractère ubiquiste (espèce peu exigeante qu’on retrouve dans un large panel d’habitats)⁵, le plantain est vendu en pharmacie et en magasins bio sous forme de gélule, de teinture mère, ou encore de tisane.
A partir de l’infusion de feuilles de plantain séchées, on peut réaliser des compresses à appliquer sur la partie de la peau affectée, ou encore préparer un macérat huileux.
Et ce n’est pas tout ! Le plantain présente d’autres vertus, également reconnus par les instances officielles comme celles d’agir sur la sphère respiratoire⁷, avec une action antitussive en protégeant les muqueuses grâce aux mucilages qu’il renferme⁸. Le plantain est également d’un grand secours pour les personnes allergiques, car il inhibe notamment la libération d’histamine⁹.
Dans ces deux cas, le remède le plus simple est de concocter une infusion à raison de deux cuillères à café de plante séchée pour une tasse d’eau chaude, à laisser infuser durant une dizaine de minutes puis filtrer.
En cas de rhume des foins, il est également possible mais plus long, de réaliser une teinture mère à partir des parties aériennes de la plante.
Le plantain présenterait aussi, de façon moins officielle, des propriétés antibactériennes et antivirales¹⁰-¹¹. Il est utilisé traditionnellement dans de nombreux pays du monde¹¹-¹², et même cité par de grands auteurs de la littérature comme Shakespeare dans Roméo et Juliette, où Roméo conseille à son ami Benvolio d’utiliser du plantain pour son action cicatrisante.
Contre-indications et effets secondaires
Le plantain lancéolé est déconseillé aux femmes enceintes, aux enfants de moins de 3 ans, en cas d’irritation et encombrement majeur des voies respiratoires car le plantain amplifie les sécrétions, par principe de précaution, en grande quantité il peut avoir des effets laxatifs et hypotenseurs.⁹-¹⁰
Comment cuisiner le plantain ?
En plus d’être médicinal, le plantain fait aussi le régal des papilles, notamment grâce à son goût de…champignon !
Plusieurs parties de la plante sont comestibles : les feuilles, les inflorescences et les graines, à partir desquelles de nombreuses recettes sont possibles.
Les feuilles printanières, encore tendres du printemps, se dégustent en salade ou en pesto car elles n’ont pas l’amertume des feuilles plus âgées qu’il vaut mieux cuire pour profiter de leur saveur. On peut par exemple les préparer en tartes, en soupe ou en purée. Pour conserver et déguster les feuilles du plantain, on peut très bien les faire lactofermenter.
Les boutons floraux s’apprécient tels quels quand ils sont encore tendres au printemps, mais peuvent aussi intégrer des salades, ou encore être préparés à la façon des câpres, blanchis au vinaigre.
Enfin, les graines peuvent servir à épaissir les soupes une fois cuites et finement broyées, ou peuvent être mélangées à d’autres farines de céréales.
Pour aller plus loin
Nous vous rappelons que la cueillette sauvage comporte des risques, que vous pouvez découvrir ici. Il est indispensable d’être sûr à 100% de vos identifications avant de consommer une plante, quelle qu’elle soit.
Pour apprendre à cueillir 6 plantes sauvages faciles à trouver et à identifier, découvrez notre newsletter gratuite.
Pour en savoir plus sur les plantes citées, vous pouvez consulter nos vidéos Youtube.
Et pour vous lancer dans des formations en ligne sérieuses et pédagogiques sur ces sujets, rendez-vous sur la page de nos formations. Vous pouvez tester nos plateformes au travers de la démo de la formation du cueilleur. L’inscription est gratuite !
Sources
- MNHN & OFB. Fiche de Plantago lanceolata L., 1753. Inventaire national du patrimoine naturel. (2025) Disponible sur : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/113893.
- Tison, J.-M. & de Foucault, B. Flora Gallica. Flore de France Biotope (2014).
- Global Biodiversity Information Facility (GBIF). Plantago major L. Disponible sur : https://www.gbif.org/fr/species/3189767.
- Global Biodiversity Information Facility (GBIF). Plantago media L. Disponible sur : https://www.gbif.org/fr/species/3189747.
- Thomas, R. et al. Petite flore de France : Belgique, Luxembourg, Suisse – Guide d’identification : 100 families, 500 genres, 100 espèces Belin (2016).
- Cazin, F. J. Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes: avec un atlas de 200 planches lithographiées P. Asselin (1868).
- HMPC. European Union herbal monograph on Plantago lanceolata L., folium European Medicines Agency. (2024) Disponible sur : https://www.ema.europa.eu/en/documents/herbal-monograph/european-union-herbal-monograph-plantaginis-lanceolatae-folium-revision-1_en.pdf.
- Naderi, A., Mozaffarpur, S. A., Shirafkan, H., Baiany, M. & Memariani, Z. Effect of Plantago major on cough severity in acute bronchitis: A double-blind randomized clinical trial Casp. J. Intern. Med. 15, (2024).
- Goetz, P. & Hadji-Minaglou, F. Conseil en phytothérapie : Guide à l’usage du prescripteur Lavoisier Tec & Doc (2019).
- Fleurentin, J. Du bon usage des plantes qui soignent Ouest France (2016).
- Samuelsen, A. B. The traditional uses, chemical constituents and biological activities of Plantago major L. A review J. Ethnopharmacol. 71, 1‑21 (2000).
- Najafian, Y., Hamedi, S. S., Kaboli Farshchi, M. & Feyzabadi, Z. Plantago major in Traditional Persian Medicine and modern phytotherapy: a narrative review Electron. Physician. 10, 6390‑6399 (2018).