La rose de Saint Valentin, un cadeau empoisonné ?

Offrir des roses rouges à la Saint Valentin, un geste pas si anodin

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Image par Melk Hagelslag de Pixabay

Pas besoin d’être un expert des plantes pour réaliser qu’en février… il fait encore froid, et qu’il neige bien souvent ! Celles et ceux d’entre vous qui avez des jardins ou des parcs à proximité peuvent se rendre compte que les rosiers ne fleurissent pas à cette époque. Alors d’où viennent ces milliers de roses que l’on voit dans les boutiques de fleuristes ?

De loin, bien entendu !

Les principaux exportateurs de fleurs coupées sont les Pays-Bas (qui n’exportent pas que des tulipes !), le Kenya ou encore la Colombie. Depuis les années 2010, les pays d’Asie investissent de plus en plus dans le commerce de fleurs également. Dans les entreprises chargées de produire massivement ces fleurs, les conditions de travail des employés ne sont pas toujours idéales. Pour se faire une idée de ce à quoi ressemble une exploitation de roses en Colombie, un article ici.

Si vous vous posez des questions sur la quantité d’émissions qu’il faut pour vous faire traverser l’Atlantique… imaginez un peu ce qu’il faut pour faire transiter les millions de fleurs qui sont achetées chaque année à la Saint-Valentin ! La plupart des fleurs ne fleurissent pas n’importe quand, mais quand la période lumineuse en journée est adéquate. Pour cette raison, de nombreuses plantes sont cultivées en serre, ce qui permet de maîtriser la durée d’illumination et de les forcer à fleurir.

Toutes ces installations à elles seules consomment également quantité d’énergie et de nombreuses productions utilisent des engrais, pesticides et autres produits phytosanitaires pour réduire les risques d’infections dans les cultures de fleurs. Les roses commerciales sont même, pour la plupart, emballées dans du plastique de façon individuelle !
En France, jusqu’à 85% des fleurs vendues chaque année sont ainsi importées. Certaines marques indiquent ce coût carbone, ou un transport par avion par des étiquettes, mais il est souvent difficile de l’évaluer soi-même.

Dans un travail de mémoire, une étudiante anglaise a évalué qu’un bouquet de fleurs contenant 5 roses, 3 lys et 3 gypsophiles équivalait à 32 kg d’émissions de CO2. Un bouquet de roses rouges équivaut à un trajet Paris-Londres en avion !
En cueillant 15 fleurs cultivées en extérieur à la bonne saison, ce coût carbone passerait à moins de 2 kg de CO2. Pas mal non ?

Pour une fête des amoureux plus verte !

Si vous vous demandez comment rendre la Saint-Valentin plus verte, voici quelques propositions !

Offrir moins de fleurs (voire, pas de fleurs ?)
Il est vrai qu’offrir des chocolats ou des diamants n’est pas forcément mieux, mais pourquoi ne pas saisir l’occasion de fabriquer un petit quelque chose soi-même ? Après tout, c’est le geste qui compte !

Offrir des fleurs locales
Certaines entreprises se spécialisent à présent dans le “Slow Flower”, c’est à dire la consommation raisonnée de fleurs locales, produites éthiquement. Elles permettent aux adeptes des bouquets à toutes occasions de réduire leur impact carbone, tout en soutenant des petites entreprises.

Cueillir des fleurs sauvages
D’accord, l’hiver n’est probablement pas la saison idéale pour trouver de jolies fleurs colorées, et sous nos latitudes elles ne sont peut être pas aussi impressionnantes que des roses rouges kenyanes… Un bouquet de fleurs d’églantiers peut également avoir son charme… mais il faudra attendre le mois de juin ! En ce moment on trouve plutôt des héllébores, des perce-neige et plus au sud vous serez peut-être plus chanceux ! Les trèfles et les pâquerettes ne tarderont pas non plus. Renseignez-vous toutefois sur les statuts de protection de chaque espèce avant de les cueillir et n’oubliez pas d’en laisser aux insectes pour butiner !

Mais un peu de patience, l’abondance des couleurs reviendra au printemps ! Peut-être faudrait-il songer à déplacer la Saint-Valentin à la belle saison pour pouvoir offrir des fleurs sauvages plus facilement ?

Offrir des fleurs séchées ou stabilisées.
Dorénavant, il est possible d’acheter des bouquets de fleurs séchées, ou de les confectionner soi-même. Quand on pense que les bouquets commerciaux auront fait tout un trajet pour arriver jusqu’à nous, c’est vrai qu’il serait dommage de les mettre à la poubelle !
Plus récemment, des fleuristes proposent également de “stabiliser” les plantes, en remplaçant la sève par une solution de glycérine. Avec ce procédé, les fleurs conserveraient leur couleur et leur aspect pendant plus de 2 ans !

Mais au fait, pourquoi les fleurs ? Aux origines de la Saint-Valentin

carte de saint valentin illustrée
Carte de Saint-Valentin illustrée

Certains trouvent la Saint-Valentin futile, désuète, importante ou symbolique. Peu importe notre avis sur la question, savez-vous d’où vient cette fête ? Dans de nombreux pays, elle est considérée comme LA fête des amoureux. Il est de bon goût à cette occasion d’offrir des fleurs (et de préférence des roses rouges) pour symboliser la passion dévorante pour l’être aimé.

Comme beaucoup de fêtes dans le calendrier, la date correspondait autrefois à une fête païenne. Dans le cas de la Saint-Valentin, elle coïncide avec la fête des Lupercales, célébrée dans la Rome Antique. Rite de purification associé au renouveau de l’année, le rite était consacré aux esprits de la nature et à Faunus, le dieu de la fête.

C’est le pape Gélase Ier qui finit par interdire cette fête populaire en 495, décrétant que dorénavant, Saint-Valentin deviendrait le saint patron des amoureux. Mais qui est donc ce Saint-Valentin ? Il s’agirait du prêtre Valentin de Terni, qui au IIIème siècle, malgré l’interdiction du mariage par l’empereur Claude II le Gothique, mariait les couples d’amoureux clandestinement. Mis en prison, il aurait eu le mauvais goût d’entretenir une relation amoureuse avec la fille aveugle de son geôlier, lui rendant la vue par miracle. Cet événement lui valu la mort par décapitation, le 14 février 269. Triste fin pour Saint-Valentin.

Ce n’est que bien plus tard, à partir de XVIIIe siècle que la coutume de s’offrir des cartes, des fleurs et autres cadeaux n’arrive dans les cours de la noblesse, puis dans les foyers européens.

A la période victorienne, à laquelle les explorations à travers le monde se multiplient, remplissant les jardins et les foyers de nouvelles plantes exotiques et colorées, le langage et la symbolique des fleurs se développent. Le bouquet devient un exercice codifié, dans lequel chaque fleur et chaque couleur ont une signification. On raconte par exemple à cette époque que la rose rouge provient d’une rose blanche qui aurait rougi dans le jardin d’Eden. Offrez une rose rouge pour signifier que vous êtes tombé amoureux à la première minute, offrez-en douze pour une demande en mariage ! La rose rouge devient rapidement la représentante de la Saint-Valentin.

Voilà, un peu d’histoire ne fait jamais de mal !
On vous souhaite une bonne Saint-Valentin, plus écolo !

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Pour aller plus loin

Hale, A. & Opondo, M. Humanising the Cut Flower Chain: Confronting the Realities of Flower Production for Workers in Kenya. Antipode 37, 301‑323 (2005).
Schaefer, F. & Blanke, M. Opportunities and Challenges of Carbon Footprint, Climate or CO2 Labelling for Horticultural Products. Erwerbs-Obstbau 56, 73‑80 (2014).
Wainwright, H., Jordan, C. & Day, H. Environmental Impact of Production Horticulture. in 503‑522 (éd. Dixon, G. R. & Aldous, D. E.). Springer Netherlands (2014).
Pluimers, J. C., Kroeze, C., Bakker, E. J., Challa, H. & Hordijk, L. Quantifying the environmental impact of production in agriculture and horticulture in The Netherlands: which emissions do we need to consider? Agric. Syst. 66, 167‑189 (2000).

5. Swinn R. A comparative LCA of the carbon footprint of cut flowers : British, Dutch and Kenyan by Rebecca Swinn. Thèse, Lancaster University (2017).

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