Règles et précautions pour la cueillette de plantes sauvages

Avant l’arrivée de l’agriculture il y a environ 2000 ans, l’homme était un grand cueilleur. En Europe, la tradition de la cueillette a perduré, en parallèle de l’agriculture jusqu’à très récemment. Au Moyen-Age, l’alimentation change sensiblement et les personnes les plus aisées commencent à se nourrir de fruits et de légumes exotiques, de produits raffinés ou de viandes. Les plantes sauvages deviennent alors la « nourriture des pauvres » et sont progressivement délaissées, alors que beaucoup sont intéressantes, du point de vue gustatif ou nutritif.
Aujourd’hui, elles font leur grand retour, suscitant un intérêt croissant et un véritable enthousiasme, jusque dans les assiettes des grandes tables.

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Les règles de la cueillette

La première et la plus importante des règles de cueillette est la suivante :

  • Etre sûrs à 200% d’avoir identifié votre plante. 
    En France, on considère qu’il y a environ 300 plantes toxiques, parmi lesquelles 100 sont réellement dangereuses, voire mortelles. C’est assez pour s’assurer de savoir les reconnaître, afin d’éviter les confusions malheureuses. Prendre le muguet pour de l’ail des ours, ou de la grande cigüe pour du cerfeuil des bois pourrait s’avérer fatal.La meilleure façon de procéder est de se rendre sur le terrain avec des connaisseurs et des livres spécialisés (consultez ici notre sélection d’ouvrages). Commencer seul avec des livres est compliqué et beaucoup de confusions sont possibles. Veillez à ne pas cueillir de plantes rares, dans des zones de végétations spéciales (tourbière…), isolées, en nombre très restreint ou malades. Chaque plante peut avoir un statut de conservation particulier dans votre région, qu’il est important de vérifier au préalable.

Pour l’acte de cueillette en lui même, voici quelques conseils :

  • Cueillir délicatement la plante entre l’ongle du pouce et l’index ou avec des ciseaux pour éviter de les déraciner. Beaucoup de plantes repoussent par leurs bulbes, racines, ou rhizomes !
  • Cueillir uniquement les parties dont on a besoin en ne prélevant pas plus d’un tiers de la station et en laissant de préférence des plants en bonne santé poursuivre leur cycle de vie.
  • Si la plante entière, avec racine est prélevée, faire une division de racine sur place lorsque c’est possible et la replanter.
  • Lorsque cela est possible, cueillir avant les tontes et débroussaillements, ou lorsqu’une zone va être rasée pour y construire des bâtiments. Prélever après des tailles pour récupérer le bois, l’écorce et les bourgeons et parfois les fruits destinés à la décharge.
  • Utiliser ses 5 sens pour identifier la plante !

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Voici le matériel dont vous aurez besoin pour une cueillette variée :

  • un couteau (La loi considère que le port de tous les couteaux est interdit, mais il y a une tolérance, par jurisprudence pour les couteaux de « loisirs »)
  • un sécateur, pour couper proprement les tiges.
  • une scie portable, pour les branchages trop coriaces pour le sécateur
  • une petite pelle portative pour les racines profondes
  • un sac en tissu pour emporter vos récoltes
  • un panier ou des boites aérées pour les cueillettes fragiles (fleurs, fruits mûrs…)

Limiter au maximum quelques risques de la cueillette

En dehors de la toxicité des plantes en elles-mêmes, il y a principalement trois autres risques sanitaires en lien avec la cueillette : la pollution, les parasites et les bactéries, et les tiques. Voici quelques conseils pour minimiser les risques pendant la cueillette.

– La pollution

Les endroits les plus pollués sont les bords de routes, les chemins de fer, les abords des usines, des champs et jardins cultivés et des décharges. Mais ça n’est pas parce que le lieu est pollué, que la plante va contenir le polluant. Dans le doute, on s’abstiendra de cueillir des ces zones là.

Idéalement, il est conseiller de cueillir à plus de 50 mètres des voies routières, dans des zones « protégées » par des lisières d’arbres par exemple. Renseignez-vous sur l’usage de pesticides dans les champs avoisinants et évitez les milieux favoris des parasites les plus dangereux…

Pensez également à ne pas prélever de plantes attaquées par des champignons ou de la moisissure, pour bien conserver votre cueillette et limiter les risques de pourissement.

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– Les parasites et les bactéries

Les parasites et les bactéries ne sont pas visibles à l’œil nu et peuvent être responsables de maladies. Avant de paniquer, relativisons : les cas de parasitoses sont rares et ce sont les personnes en contact avec des animaux domestiques qui y sont le plus exposées.

Deux parasites principaux sont problématiques pour l’homme, l’échinocoque et la douve du foie.

L’Echinococcose est transmise par un ver plat appelé « échinocoque ». La forme adulte de ce parasite infecte les renards, les chiens et parfois les chats. Les oeufs du parasite se transmettent par les excréments d’animaux et le risque est d’en ingérer. Après digestion, les oeufs éclosent et les larves s’installent dans le foie ou dans d’autres organes, créant potentiellement des kystes très problématiques. Les symptômes visibles sont de la fièvre et des douleurs abdominales.
Le traitement se fera pas un antiparasitaire. Une intervention chirurgicale est parfois nécéssaire pour retirer les kystes, dans les cas les plus graves.

Pour mitiger ce risque, il est conseillé de cueillir à plus de 50cm du sol lorsque cela est possible, dans des zones où il n’y a pas de déjections d’animaux domestiques ou sauvages. Il est conseillé de se laver les mains régulièrement, de bien laver sa cueillette et de faire vermifuger régulièrement ses animaux de compagnie.

La douve du foie est un autre ver plat parasite qui se nourrit des cellules et du sang du foie. La transmission se fait par les excréments des ruminants : chèvres, vaches, moutons et parfois chevaux.
L’homme est souvent un hôte accidentel du parasite, qui a besoin de plusieurs organismes pour se développer, dont des escargots d’eau douce ! C’est pour cela qu’il est recommandé de faire particulièrement attention à la consommation du cresson des fontaines.

On évitera donc la cueillette proche de zones de pâturages, surtout s’il y a des ruisseaux à proximité ! Les symptômes de contamination ne sont pas immédiats, et se manifestent en général 3 mois après infection, par des  avec de fortes fièvres et un grossissement du foie douloureux.
Le traitement est une cure médicamenteuse antiparasitaire.

Tous ces parasites sont éliminés par la cuisson.
Si vous voulez manger vos plantes sauvages crues, il existe des techniques de nettoyage.

Le mieux est de commencer par nettoyer sous le robinet avec la pression du jet pendant plusieurs minutes puis de réaliser un trempage dans de l’eau vinaigrée (une part de vinaigre pour neuf parts d‘eau). Un trempage de 5 à 10 minutes et un bon rinçage permettront de bien limiter les risques, même si nous ne pouvons garantir la destruction totale des parasites sans cuisson. 

Une famille de bactéries peut également nous poser quelques soucis : les Leptospira, qui provoquent la leptospirose. Elle est transmise par l’urine des rongeurs (rats, ragondins…), parfois par les animaux de compagnie. Elle se plaît particulièrement dans les milieux humide (eaux stagnantes, mares, cours d’eau…). Les symptômes se manifestent, à partir du 4ème jour jusqu’à 2 semaines après la contamination, par une forte fièvre et des douleurs.

Cette infection, qui est assez rare en France, est traitée par des antibiotiques.

– Les tiques

La tique est un acarien qui se plaît aussi bien dans les zones boisées et humides que dans les prairies et les parcs. Elle s’accroche aux animaux domestiques, mais aussi à notre peau pour se régaler de notre sang. Sa salive, lors de la morsure, peut nous transmettre une bactérie du genre Borrelia, responsable de la Borreliose ou maladie de Lyme.
Cette maladie, difficile à diagnostiquer, peut se manifester par de nombreux symptômes (fièvre, maux de tête, fatigue, gonflement de ganglions, douleurs articulaires et musculaires, pertes de mémoires, dépression, problèmes cardiaques, paralysie faciale…).

Pour prévenir le risque d’infection, avant de partir en balade, il est recommandé de se couvrir les bras, le cou et les chevilles. Des répulsifs à base d’huiles essentielles sont disponibles dans le commerce, mais aucun ne peut garantir à 100% leur totale efficacité.

Après chaque balade, inspectez votre corps intégralement, jusque dans les plis chauds et humides, particulièrement appréciés des tiques. Vérifiez également vos animaux de compagnie. En cas de morsure, retirez rapidement la tique avec un tire-tique et désinfectez.

N’essayez pas de la retirer avec les doigts car vous risqueriez de l’écraser et de la faire régurgiter, ce qui augmente le risque de contamination. Le premier symptôme d’infection est un érythème, une plaque rouge qui s’étend en cercles concentriques.

Toutes les tiques ne sont pas porteuses de la Borrelia, mais certaines régions de France sont plus à risque que d’autres (l’Alsace par exemple). La période la plus à risque a lieu de mai à octobre, mais le nombre de tiques infectées a tendance à augmenter ces dernières années. Un programme de sciences participatives a été lancé pour que vous puissiez aider les chercheurs à signaler les infections. Rendez-vous sur le programme Citique pour en savoir plus.

tique maladie lyme

La réglementation de la cueillette

Même si les plantes ne sont pas protégées, vous n’avez pas forcément le droit de les cueillir. Toutes les terres de France ont un propriétaire, qu’il soit public ou privé. Légalement, tout ce que vous prendrez sur un terrain sans avoir eu l’autorisation du propriétaire est considéré comme un vol.

Pour des cueillettes d’un volume inférieur à 10 litres, vous risquez une contravention forfaitaire de 135€. Au-delà de 10 litres, vous commettez un délit, passible de 45 000€ d’amende et 3 ans de prison !

Pour éviter de mauvaises surprises, vous pouvez aller sur le site geoportail.gouv.fr

Vous y trouverez :

• Les cartes des zones protégées. Vous pourrez ainsi les éviter plus facilement.

• La carte des parcelles de forêts publiques. En général, les collectivités territoriales acceptent que vous alliez cueillir sur leurs parcelles, tant que vous prélevez des quantités raisonnables et que vous respectez les lieux. Ce droit s’applique particulièrement en Alsace.

• Les références des parcelles cadastrales. Grâce à ces références, si un lieu vous plaît et que vous souhaitez y cueillir, vous pourrez demander le nom du propriétaire à la mairie ou au service du cadastre et lui demander s’il accepte que vous cueilliez sur son terrain.

Certains propriétaires acceptent très facilement, d’autres refusent catégoriquement et d’autres encore poseront leurs conditions (saison, horaires, quantité maximale, prix…). Notez que rien n’oblige un propriétaire privé à mettre des panneaux indiquant que son terrain est privé et qu’une absence de panneau n’est en aucun cas une autorisation de cueillir.

Vous pouvez vous renseigner sur les espèces protégées en consultant l’onglet “Statut” des fiches espèces sur le site internet de l’INPN (https://inpn.mnhn.fr/accueil/index) ou celui de Tela Botanica (https://www.tela-botanica.org/).

L’essentiel à savoir sur la cueillette des plantes sauvages

Conservation de la cueillette

Afin de ne rien gaspiller, il est préférable de savoir à l’avance quelle partie de plantes vous souhaitez cueillir, quand, et pourquoi !

Les racines des plantes bisanuelles (ex : la bardane) se cueillent l’automne de la première année et jusqu’au printemps, avant que les parties aériennes ne repoussent. Pour les vivaces, il est préférable de les cueillir en automne, à partir de la 2ème ou 3ème année. Elles seront plus facile à prélever après la pluie, lorsque la terre est humide.

Les fleurs se ramassent à peine ouvertes. Certaines fleurs comme celles parmi les Asteraceae continuent à s’épanouir après cueillette, il est préférable de les cueillir en boutons.

Les feuilles se récoltent jeunes et tendres pour un usage alimentaire. Pour un usage médicinal, on les collecte plutôt lorsque les extrémités commencent à fleurir.

Pour apprendre à bien sécher et conserver chaque plante, vous pouvez consulter cet article, ou démarrer l’une de nos formations en ligne. Si vous hésitez à vous lancer, n’hésitez pas à tester notre démo gratuite !

Afin de vous aider à mémoriser tous ces conseils, voici quelques infographies à partager !